En mon commencement est ma fin.
—T.S. Eliot
Impermanence
La beauté que nous pouvons trouver dans notre vie est toujours dans le contexte de moments magiques suspendus entre la naissance et la mort. Nos civilisations, notre écosystème et même notre planète, petit point dans un univers infini de temps et d'espace, sont fragiles et impermanents.
La beauté que nous pouvons créer dans nos vies, en entrant en contact avec les merveilleuses qualités intérieures de notre esprit et la douce bienveillance que nous pouvons développer pour ceux qui nous entourent, les petites graines de bonheur que nous pouvons semer, ne sont pas du tout invalidées par le fait que tout change.
Vous trouverez ici un recueil de réflexions, contemplations et méditations sur l'impermanence dans le but de nous aider à considérer ce qui compte vraiment dans l'existence:
Impermanence et méditation
L’altruisme de tous les jours
Il existe d'innombrables exemples de personnes apparemment ordinaires qui trouvent en elles-mêmes des ressources extraordinaires de stabilité et d'
altruisme dans des situations de crise. Comme le dit souvent Matthieu Ricard, les catastrophes dont les aspects dramatiques sont soulignés dans l'actualité donnent souvent lieu à d’innombrables actes de gentillesse et de solidarité qui restent méconnus. Cette bonté fondamentale est une partie essentielle de ce que nous sommes.
Accepter la fragilité
Si nous avons été frappés par une maladie grave, la réponse appropriée est de faire tout ce que nous pouvons pour la traiter. Bien sûr, nous voulons préserver notre vie, ou celle de nos proches, mais une partie de nos soins pourrait s'adresser au moment où nous devrons tous quitter cette vie.
La bénédiction des moments où notre vie est menacée est qu'ils nous permettent de voir la vie avec un regard différent. Ils nous incitent à donner la priorité à ce qui est vraiment utile et à lâcher ce qui ne l'est pas, en profitant au maximum du moment présent, de l'immédiateté de ses joies.
Prédire où, quand et comment notre vie prendra fin est peine perdue. Nous pourrions être emportés subitement par une maladie ou un accident, traverser des années de mauvaise santé physique ou mentale, ou profiter d'une longue vie paisible.
Les derniers moments peuvent être vécus de façons très différentes. Certains individus découvrent des réserves inattendues de sérénité et de douceur à la fin de leur vie, qui peuvent offrir des moments d'une beauté extraordinaire. Les familles qui traversent cette étape charnière parviennent parfois à rester présentes avec calme, compréhension et amour. Parfois, les émotions et les peurs sont trop fortes.
Une réflexion en profondeur
En de tels moments, une réflexion approfondie sur la nature éphémère de nos vies et une compréhension de la résilience de l'amour en toutes circonstances seront d'une grande aide. Chaque jour, nous pouvons être heureux d'être en vie et essayer de nous consacrer autant que possible à ce qui compte vraiment. Nous pouvons prendre soin de nos relations maintenant que nous en avons encore la possibilité. Nous pouvons apprécier les moments magiques qui surgissent spontanément de façon inattendue. Parfois même le moment du passage final peut être empli de sa propre magie extraordinaire, si on a la sensibilité pour la voir.
Une
pratique spirituelle, au sens où Matthieu l'entend, avec l’ancrage solide dans la réalité offert par la méditation et une vision bienveillante du monde, est d’un grand soutien pour naviguer les hauts et les bas habituels de la vie, et en particulier peut nous aider à maintenir notre stabilité dans des situations dramatiques.
Nous nous sommes presque habitués à l'idée que l'homme avait maîtrisé la nature, et nous nous rendons compte à quel point cette maîtrise est fragile, nous échappe, que la vie humaine aussi est fragile et d'autant plus devons-nous de ce fait réfléchir à ce qui compte vraiment dans l'existence… voir à quel point la vie est précieuse et profiter de chaque instant, à la fois recevoir la bienveillance d'autrui et leur accorder la nôtre.
—Matthieu Ricard
Photo : « En ma fin est mon commencement », Charles Hastings.